"Chaque flèche dans une cible est une victoire": atteint de la maladie de Parkinson, il remporte le titre de champion du Var de para tir à l’arc

"Je l’appelle Madame Parkinson", sourit Laurent Masi. C’est ainsi qu’il nomme la maladie de Parkinson, dont il est atteint depuis 23 ans. Celle-ci provoque une dégénérescence nerveuse et des tremblements plus ou moins importants. Pour autant, cela n’a pas empêché le sexagénaire de se passionner… pour le tir à l’arc! Tout commence il y a trois ans, lorsque Laurent Masi pose ses valises à Lorgues. Il fait alors la connaissance de Thierry Fournier, président du club Les archers lorguais et aujourd’hui son coach, à l’occasion d’un forum d’associations. Le néo lorguais décide alors de s’inscrire.
"Au début, je me suis dit que Parkinson et le tir à l’arc, c’était improbable", explique-t-il, habillé de sa tenue d’archer. Un an plus tard, la Fédération française de tir à l’arc (FFTA) reprend la "partie paralympique" de la discipline. Grâce à un système de classification, elle permet des aménagements pour les personnes en situation de handicap, mettant de côté la question de la distance. C’est le cas de Laurent Masi, lequel tire sur la cible loin de dix mètres au lieu des 18mètres réglementaires.
"J’y ai pris goût petit à petit", confie-t-il. Une évolution qui l’a propulsé dans la compétition officielle depuis septembre dernier. Il a été sacré champion du Var à Sanary, en début d’année. "Je participe aux compétitions pour gagner et faire le meilleur score. Mais je me fais avant tout plaisir. L’objectif n’est pas forcément pour être meilleur que les autres. Ce n’est pas ma vision de la vie. "
Sponsorisé par une entreprise, et aidé financièrement par son club, Laurent a même participé, en mars, au championnat de France à Richelieu (Indre-et-Loire). Compétition au cours de laquelle il a décroché la cinquième place: "C’est l’aboutissement d’un travail de longue haleine. Je n’ai pas baissé les bras. " En témoignent les cinq médailles accrochées dans sa cuisine. Et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. "Je vais participer à toutes les compétitions nécessaires pour accéder au championnat de France", annonce-t-il avec un objectif clairement affiché. "Je veux finir sur le podium! "
S’offrir une bouffée d’oxygène et continuer le combatIl insiste sur le bonheur que lui procure la pratique de ce sport: "C’est un plaisir de tirer et de rencontrer les autres. C’est un sport fantastique. Chaque flèche que je mets dans une cible est une petite victoire contre la saloperie (sic)." En référence, la maladie de Parkinson, laquelle "joue sur beaucoup de choses comme la mémoire, la parole ou encore provoque des tremblements", rappelle Laurent Masi. "Avec le temps, vous apprenez à vivre avec. Soit vous vous battez, soit vous jetez l’éponge. Pour l’instant, la maladie progresse. Si elle veut m’avoir, elle m’aura. Mais je me battrai jusqu’à la dernière seconde! "
Deux fois par semaine, il se rend à son entraînement pendant deux heures. "Ces séances me font travailler ma concentration. Cela m’oblige à coordonner mes mouvements dans le bon ordre tout en gardant mon attention sur le geste. C’est une gymnastique du cerveau ", explique l’ancien chef d’entreprise dans les produits décoratifs, aujourd’hui retraité.
Une solidarité collectiveLaurent Masi n’est pas un simple adhérent aux Archers Lorguais, il est aussi l’un des référents "handicap" du club. "C’est une famille. Il y a une ambiance extrêmement sympa et un côté humain entre nous", tient-il à mettre en avant. "Cela me permet d’avoir une vie sociale. Les entraîneurs et les copains ne me font pas ressentir mon handicap. "
Cet esprit de solidarité s’étend même au-delà de l’association. Preuve en est cette anecdote, survenue lors d’une compétition à Trans-en-Provence. "Mon coach, Thierry Fournier, s’occupait de cadets. J’étais donc seul, mais c’est un entraîneur adverse qui a pris le relais et m’apportait mes flèches ", se souvient-il. Et de conclure sur une note d’espoir: "Vous pouvez y arriver au même titre que moi. Tout est possible. C’est dans la tête que cela se passe."
Var-Matin